Soleil de terreur je perçois tes pattes de mygale s'étendrent sur ma peau,
je te sens ogre gourmand qui me lèche d'une convoitise brûlante.
Fragile est la vie face à tes affres.
Damnés éclats, chaleur hurlante qui ravage le plus infime frissonnement, recouvre
d'une nappe accablante et souvent fatale la frêle brindille, l'herbe jaunissante, le
blé doré.
Il n'y aura pas de réserve de pain cet été.
Soleil mortel tu brûle sur ton galop toute vie dansant au vent.
Triste clameur que ta fournaise, qui claque, craque, crépite sous tes ardeurs le
moindre fil de vie.
Qui te nourrit ?
Et qui t'aide à nous mettre au supplice ?
Mon ciel est couvert des canadairs qui rasent sans relâche nos toits,
Et t'apportent en offrande pour calmer tes caprices
L'or qui s'évapore en âcre fumée noire.
Bien sûr les Dieux sont avec toi, Mistral fils d'Eole t'accompagne
A vous deux vous valez mille armées qui rasent nos campagnes.
Petit reste l'homme face à vos colères, ou vos rires ?
Je ne sais plus que penser, entre le meilleur et le pire
soleil orgueilleux qui allume la mèche
Vent furibond qui avive la brèche.
Soleil radieux, vent bienheureux, messires,
L'ouest se lève, ta langue est moins sèche,
Le vent s'apaise, son souffle moins soûl,
Vous me rendez moins fou.
Que la lune apparaisse et déjà je me sens vous pardonner,
Vos enfers sans lesquels nous serions tout à fait abandonner.
Y a t-il un pacte possible ou seulement du dédain ?
Avez-vous prie quelques vies aujourd'hui ?
Allez-vous, demain, en rôtir à nouveau quelques uns ?
Dois-je ce soir prier le ciel pour sa clémence, danser un hymne à la pluie ?
Profiter de la veillée apaisante,
Après cette épreuve cuisante,
Goûter la rosée secourable,
Pas de prévision honorable,
Juste un profit immédiat.
Une trêve à vos guérillas,
Allez, quoi, bon ? un bon orage ? un peu d'eau ?
Canicule, fournaise,
Chaleur, brûlure,
Souffle court et grosses sueurs,
Longs sanglots de cendres blanches.