Les mots sont des couleurs pour les tagers, et chacune de leurs lettres une explosion.
Les formes que tu voies ont l’âme de leur traceur.
Leur sens est dans leur cœur ;
Ils peignent le spectre de leur implosion, ils t’offrent la vision de leur torpeur.
Leurs mots et leurs images sont l’expression de leur désir
A toi de savoir les lire.
Je me souviens d’un mur plein de présages ;
Je me souviens d’un orage de mésanges.
Deux couleurs vives comme de l’encre de chine
Une myriade s’enfuyant serpentines
Vers un espace d’un noir épais
Où un sourire délié fendait
Le fond d’un lac blanc et soyeux.
J’ai vu mille ailes déployées plongeant l’éclat d’un œil sur le monde.
Le mur à son arête continuait son paysage vagabond.
Rapide et fantasque, d’un volte-face outremer
Les ailes s’enroulaient en spirale,
Aériennes et volubiles sur un axe invisible.
Puis à nouveau elles s’engouffraient,
Nourrissant le feu d’un soleil de nuit ;
Une peinture née de la plume égarée
Des chapeaux de blé, d’incertains messieurs,
Mi félins, mi humains.
J’ai vu l’éclair percer la sombre nuée
Et les yeux du ciel répandrent,
Diluées par des eaux aquarelles,
Les mille larmes de l’envie,
Sur un mur lamé de miroirs.
Le mur allait vers sa fin, le coin de la rue s’approchait
Le nuage de messages s’est enfui
S’effilant aussi vite que le sable du temps.
Mais à peine plus loin, la fresque a repris, sur l’ondulation de tôles de chantier.
A l’abri, les oiseaux bleu de nuit
Se sont mit à danser, torpilloner et plonger,
Découvrant la ligne rouge, signée à l’encre elle aussi,
Appliquée pudique sur la ligne interne de leurs ailes déployées.
Les encres rouges et bleues
Se sont enroulées en déliées
Autour de pleins variés
Ronds et sensuels, s’enlaçant presque charnels,
Ondulant dans le sens du mouvement
D’un nœud marin, d’un ver terrien.
Les pupilles de l’humain ont des rêves infinis.
Les veines ont gonflé un corps enflammé,
Sept hydres ont surgit aux yeux écarlates, rutilants rubis de sang cristallin.
Les gueules ont craché le sable du temps. A l’Orient l’or a soufflé d’immenses dunes,
Honorant la relativité du temps. Cordes ondulantes, rides sillonantes, pépites crépitantes qui giflent le regard et la chair des insoumis, avivent d’oasis les cœurs d’espoir.